Je suis Rody Lamoree, serveur à La Gueule de Saturne. Je pensais vivre une journée comme tant d’autres au travail, mais ce n’est pas du tout le cas.
Tout a commencé quand cette jeune fille est arrivée. Elle doit avoir 14 ans. Elle a de longs cheveux bruns en désordre, les yeux de la même couleur, elle porte un bracelet violet à son poignet, une sorte de bandeau à son cou, et elle semble perdue.
« Bonjour. Bienvenue à La Gueule de Saturne! » Lui dis-je, le sourire aux lèvres.
Ce que je fais avec tout client. Elle me regarde avec les yeux écarquiller.
« Pardon? La… Gueule de Saturne? »
« Oui. Tes parents sont-ils avec toi? Ou est-ce une table pour une? »
« Pour une? »
« Une personne. »
« Je suis désolée, je… je ne comprends pas. »
« Tu sembles perdue. Enfin, cela ne me regarde pas, mais… »
« Oui. Je ne devrais pas être ici. Mon nom est Alana. »
« Enchanté. Je m’appelle Rody. »
Elle m’explique ensuite qu’elle vient du futur, que sa machine à voyager dans le temps est dans les parages, et qu’elle doit rapidement retourner à son époque.
« Mais la Capsule Temporelle est coincée… parmi des objets brisés… et l’endroit pue! J’ai besoin d’aide pour la faire sortir de là. »
Alana semble décrire la décharge. Je ne croyais pas à son histoire, bien entendu. Malgré tout, je suis quelqu’un de curieux par nature et Vincent m’a toujours dit de bien traiter les clients, même s’ils se comportent de manière étrange.
« Si elle est coincée, comment t’as pu sortir? »
« La porte a pu s’ouvrir un peu, juste assez pour que je puisse sortir. J’ai vraiment besoin d’aide. »
« Je voudrais bien t’aider. » Un mensonge. « Mais je travaille en ce moment. Vas-tu manger quelque chose ou non? »
« Manger? »
« C’est un restaurant. Ici, les gens paient pour manger. »
« Eh bien, d’accord. »
J’amène Alana à une table. Elle s’assoit sur la chaise. Je lui apporte rapidement le repas complet puis je l’observe de loin. Alana semble totalement inconnue à comment manger dans un restaurant. Elle utilise ses doigts et la nourriture lui fait un étrange effet. De la curiosité, de la joie, de l’excitation.
« Ahhhh~, c’est trop bon! Je n’ai jamais mangé ça avant. »
« Content que cela t’ait plu. »
Je demande à Alana de se rendre à la caisse pour payer. Elle y va, timidement, et je la rejoins.
« Alors ce sera 50 francs. [1] »
Alana ne dit rien. Elle reste là, sans bouger.
« Tu dois me payer, Alana. »
« Je ne comprends pas. »
« Écoute, j’ai été gentil avec toi, j’ai joué le jeu, mais maintenant ça suffit. Tu dois me payer ou tu vas avoir des ennuis. »
« Rody. Je suis désolée, je… »
« Alors, 50 francs, tout de suite! »
« Je ne sais pas ce que c’est. Je n’en ai pas. »
« Quoi?! »
Un client qui refuse de payer n’est pas bon pour moi. J’imagine déjà mon patron me péter une crise de colère.
« Je te dis la vérité. C’est quoi, des francs? »
Je ne devrais pas faire cela, mais je vois rouge. J’attrape Alana par le bras. Elle crie. Les autres clients, qui mangeaient, se retournent vers moi. Génial.
« TU DOIS PAYER ALANA! »
« Lâchez-moi! LÂCHEZ-MOI! »
J’entends la porte de la cuisine s’ouvrir avec violence. La voix de Vincent demande « que diable se passe-t-il ici? » Je libère le bras d’Alana et elle s’enfuit. Mon patron vient me voir.
« Vince! C’est cette fille, Alana. »
« Quelle fille? »
« Elle s’est enfuie… et elle n’a pas payé son repas! »
« QUOI?! » Il remarque les regards des clients braqués sur nous. « Mesdames, messieurs, ne vous inquiétez pas. Continuer a savouré la somptueuse cuisine de notre établissement, je vous prie. »
Les clients retournent à leurs assiettes. Vince m’ordonne d’aller à son bureau. Je hoche la tête. À son bureau, il me dispute pour avoir laissé un client partir sans payer et pour avoir causé une scène devant les autres clients. J’ai beau tenter de me défendre, en disant qu’Alana n'avait pas toute sa tête, Vince ne veut rien entendre.
« Lamoree, retourne travailler. TOUT DE SUITE! »
Je soupire et je retourne servir les clients. Ce que j’ignorais, c’est qu’Alana n’est pas la seule cliente particulière qui va venir aujourd’hui à La Gueule de Saturne.
[1] Bien que le jeu utilise des euros (symbole €), en l’an 1960, les francs français étaient la monnaie utilisée en France. L’euro n’est utilisé que depuis l’an 2002.
Ensuite, une femme blonde portant une robe rose, une robe de princesse, arrive. Elle a même une couronne sur la tête.
« Bienvenue à La Gueule de Saturne. » Lui dis-je. « Mais, madame, nous ne sommes pas l’Halloween. »
« Qu’est-ce que l’Halloween? »
« Eh bien… comment dire? Votre robe est… »
« Cause-t-elle un problème? Je la porte tous les jours. »
« Non, pas du tout! » Dis-je rapidement, pour ne pas causer une autre scène. « Alors, ce sera une table pour une personne? »
« Oui, je vous prie. Je suis Peach, princesse du royaume Champignon. »
« Ah… Je… Je vois… »
Génial, un autre client bizarre. J’accompagne la « princesse » à sa table. Elle s’assoit de manière noble, comme une vraie princesse. Je lui apporte rapidement le repas complet. Peach mange avec noblesse. Quand elle a terminé, elle dit que c’est délicieux.
« Mais j’ai l’impression qu’il manque quelque chose. Je ne sais pas quoi. »
« Ah, oui, l’amour. »
« L’amour? »
« Beaucoup de critiques disent que la cuisine de ce restaurant n’est pas faite avec amour. »
« Je vois. Alors, combien dois-je payer pour ce repas? »
« Ce sera 50 francs. À la caisse, je vous prie. »
Peach et moi allons à la caisse. Elle me donne cinquante pièces couleur or avec une étoile dessus.
« Qu’est-ce que c’est que ça? »
« La monnaie du royaume Champignon. Ne convient-elle pas? »
Je soupire. Encore un client qui va partir sans payer. Je prends l’une des pièces et je la mords doucement.
« Mais… c’est de l’or véritable! » Dis-je à voix basse.
« Bien sûr. Toutes nos pièces sont en or. » Me dit Peach.
« C’est parfait. Merci d’être venue! En espérant vous revoir à La Gueule de Saturne. »
La princesse Peach, maintenant je me dis qu’elle en est vraiment une, quitte le restaurant. Je me dépêche de cacher les cinquante pièces en or dans la poche de mon tablier.
Je vais voir Vince à la cuisine. Il allait encore me réprimander quand je lui montre les pièces, mais quand je lui dis qu’elles sont en or, il fait le test de la morsure.
« Tu as raison. » Me murmure-t-il. « Va à mon appartement et mets-les dans mon coffre-fort. »
Il me donne la combinaison. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me fasse confiance à ce point. Je vais à son appart et je mets les cinquante pièces en or en sureté. Quand je retourne à la cuisine, Vincent me demande si « cela est fait ».
« Oui, c’est fait. »
« Parfait, Lamoree. Maintenant, retourne travailler. »
« Oui Chef! »
Je retourne travailler et je me dis qu’un autre client étrange va arriver.
Effectivement, une jeune fille blonde, ayant un style de cheveux que je n’ai jamais vu avant et portant un costume étrange arrive.
« Oh, oh! Est-ce un restaurant français? »
« Oui. Bienvenue à La Gueule de Saturne, Miss…? »
« Comment? Tu ne me connais pas? Mais je suis célèbre! »
« Désolée, je ne vous connais pas. »
« Je suis Sailor Moon, la gardienne de l’amour et de la justice! »
« Je… vois… »
Après Alana et Peach, je ne devrais pas être surpris et pourtant je me dis que cette fille est folle.
« Ce sera une table pour une personne, Miss Sailor Moon? »
« Oui~! »
Enfin, une cliente est une cliente. Tant qu’elle paie.
Je l’amène à sa table. Sailor Moon s’assit avec excitation. Elle a hâte de manger. Je me dépêche de commander un repas complet et je lui apporte dès qu’il est prêt. Sailor Moon hésite au début, n’étant pas familière à la haute cuisine, puis elle se lance. Elle mange le tout rapidement.
« C’était… quelque chose. »
« Vous n’avez pas aimé la nourriture? »
« Non, non! Enfin, un peu…? Mais j’ai mangé, alors ça va! »
Je soupire doucement. Heureusement que Vince n’a pas entendu ça. Il serait fou de rage. Je dirige Sailor Moon vers la caisse. Elle me donne des pièces de monnaie japonaise.
« Miss Sailor Moon, nous sommes en France. »
« Je sais! »
« Alors il faut payer avec de l’argent français. »
« Mais je n’ai que des yens sur moi! »
Je soupire à nouveau.
« Un instant, je vous prie. »
Je vais à la cuisine voir Vince. Je lui explique la situation.
« Peut-on accepter ses yens comme paiement? »
Vincent soupire. Son front est plissé. Il est agacé.
« Oui, puisque je peux les convertir en francs plus tard. Si je me souviens bien, 1 franc équivaut à 25 yens. »
« Alors 50 francs est 1,250 yens? »
« Exactement. J’espère que Miss Sailor Moon à assez sur elle. Sinon… »
Vince me lance un regard noir, un regard qui pourrait couper quelqu’un au couteau. Je déglutis.
Je retourne à la caisse, mais Sailor Moon n’est pas là. Je regarde partout. Elle est partie. Je me retiens de hurler.
En tête basse, je retourne voir mon patron à la cuisine. Quand je lui dis que Sailor Moon a filé sans payer, il hurle de rage. Je retourne servir aux tables à la vitesse de l’éclair.
Un autre client étrange arrive et je me retiens de hurler. Une longue robe blanche avec des bordures jaunes. Un seul œil blanc brillant. Une peau noire, comme la couleur noire d’un crayon. Aucun cheveu sur sa tête. Aucune bouche visible. J’ai devant moi un vrai extraterrestre!
« Salutation, humain. » Me dit-il. « Je suis Rohoph, guérisseur d’Anshar. Je visite votre planète et je veux essayer la haute gastronomie française. Suis-je au bon endroit? »
« O-O-Oui bien sûr! Je suis Rody, bienvenue à La Gueule de Saturne! Table pour un? »
« Oui, je suis venu seul. »
Avec grande timidité, j’accompagne l’extraterrestre à sa table. Rohoph s’assoit et attend patiemment. Je commande un repas complet et je lui apporte dès qu’il est prêt. Je suis surpris de voir que Rohoph sait se servir d’ustensiles. Il mange le tout et je ne vois toujours pas sa bouche. La nourriture semble disparaitre dans le noir de sa peau.
« Je vous remercie, humain. C’était délicieux et unique. »
« C-Content que cela vous a plu. Euh, êtes-vous conscient que vous deviez payer pour le repas? »
« Bien entendu. J’ai ici votre monnaie française. Des francs, je crois. »
« Oui, c’est cela! Ce sera 50 francs, s’il vous plait. »
Rohoph me donne l’argent, se lève de table, et il s’en va. Je vais mettre les francs dans la caisse et je suis tout retourner. Un extraterrestre. Mon Dieu, j’ai servi un extraterrestre! Je me retiens de crier.
La journée étant finie, les autres clients sont partis, je peux rentrer à mon appartement, mais Vince insiste pour que je reste encore un peu.
« Il y a les tables à nettoyer et puis… c’était tout une journée, n’est-ce pas, Rody? »
« Oui, le jour le plus étrange de ma vie. Alana, Peach, Sailor Moon, Rohoph. Vais-je rencontrer d’autres clients particuliers demain? »
« J’espère que non. Nous sommes des gens normaux, ordinaires. »
« C’est vrai. Ce n’est pas comme si j’avais des ailes de fées dans mon dos! »
Cela fait rire mon patron.
« Toi, avec des ailes? Tu t’envolerais et je ne te reverrais plus! »
« Non, pas du tout! Ou encore comme si j’aurais des pouvoirs. »
« Quel genre de pouvoirs? »
« Je ne sais pas trop… des pouvoirs sur la glace, peut-être? Bon, je vais nettoyer les tables. »
Vincent me dit au revoir et il va à son appartement au premier étage.
Je nettoie les tables en sifflotant quand j’entends quelqu’un cogner fortement à la porte d’entrée du restaurant.
« Nous sommes fermés! » Dis-je en allant à la porte, mais je ne vois personne dehors.
« Pitié, » dit soudainement une voix masculine, « laissez-moi entrer, je suis blessé. »
« Où êtes-vous? Je ne vois rien. »
« Désolé, je… » Soudain un homme apparait. Il est habillé comme un ninja en vert. « Je ne suis pas censé être ici. » Je vois du sang vert sur sa poitrine. « Si vous m’aidez, je vous devrai une dette. »
« Je veux bien vous aider, mais… qui me dit que vous n’êtes pas une sorte de monstre extraterrestre voulant me manger? »
« Je ne suis pas un monstre! » Dis l’homme agressivement, puis il gémit. Sa blessure doit lui faire mal. « Même si ma vraie forme n’est pas humaine. »
Vincent arrive au même moment. Il a dû entendre les cognements sur la porte.
« Montrez-moi votre vraie forme. Ensuite, je déciderais si Rody vous aide ou non. »
« Vous êtes…? »
« Vincent Charbonneau. C’est mon restaurant. C’est moi le patron. »
« Je… vois… »
L’homme semble hésiter puis il se transforme en un monstre. Une sorte de lézard-dinosaure. Il est assez grand pour causer bien des dégâts à La Gueule de Saturne. Sa gueule est aussi assez grande pour nous avaler d’un coup.
« Alors? » Demande-t-il à Vincent avec sa vraie voix. « Êtes-vous satisfait? »
Malgré sa nouvelle apparence, sa blessure est toujours visible.
« Oui. Avez-vous un nom? »
« Reptile. »
« Ce n’est pas un nom. »
La créature soupire et il gémit à nouveau.
« Sy…Syzoth. » Dit-il avant de reprendre son apparence humaine.
« Bon, je vous laisse entrer. » Dis Vince.
« Quoi? Es-tu fou? » Demandé-je à mon patron, mais il m’ignore.
« Mais si vous tentez de faire du mal à Rody, je vous tue et je vous cuis pour vous servir à mes clients! Compris? »
Vince lance un de ses regards qui tue à Syzoth. Il hoche de la tête et mon patron le fait entrer.
« Bon, Rody, mets deux tables ensemble. »
Je fais ce qu’il me demande à contrecœur. Vince fait allonger Syzoth sur les deux tables qui en forment une plus longue.
« Tu vas pouvoir t’occuper de lui. Tu sais où sont les médicaments et bandages. »
« Mais, je…! »
Vincent me souhaite bonne chance et il retourne à son appart. Je crie de rage.
« Calme-toi. » Me dit Syzoth doucement. « Si tu paniques, tu ne pourras pas m’aider. »
« M-M-Mais je ne pa-panique pas! »
Syzoth gémit encore de douleur.
« Ça fait tellement mal. Il y a quelque chose en dedans de moi. Une sorte de roche. »
« En dedans… dans la blessure? »
« Oui, il faut l’enlever avant de bander le tout. »
« Et des points de suture? C’est une grosse plaie, il faut la refermer. »
« Qu’est-ce que des points de suture? »
« Eh bien, il faut… recoudre la peau. Avec du fil et une aiguille. »
« Cela semble douloureux. »
« Ce l’est… sans anesthésie. Je n’ai pas ce qu’il faut pour en faire une. »
« Alors je dois endurer. »
Syzoth gémit à nouveau. Je suis plus calme qu’avant. Je vais chercher des bandages, du fil, des aiguilles, une pince, et des pilules antidouleur.
« Bon, » lui dis-je, « vous n’êtes pas humain, alors je ne sais pas si ces pilules antidouleur vont marcher. » Je lui en tends deux. « Avalez-les. »
Il les avale.
« Je ne sens pas de différence. »
« Elles ne doivent pas faire effet tout de suite ou elles ne marchent pas. Bon, regardons cette plaie. »
Elle est grande et du pus semble se former sur le sang vert. Je prends la pince.
« Je vais tenter de retirer la roche. Attention, cela va faire mal. »
J’enfonce doucement la pince dans la plaie. Syzoth serre les dents. Je la retire rapidement.
« Elle est trop courte! » Dis-je. « Je n’atteins rien! »
« V…Votre main… »
« Quoi? »
« Votre… main… dedans! Elle peut passer! »
« Non, non, non, non, non! Je ne peux pas faire ça. »
Il hurle mon nom et, terrifier à l’idée qu’il change de forme, je mets ma main dans sa plaie. Elle rentre comme un couteau dans du beurre. Syzoth hurle de douleur, je crois même entendre un grognement et je me dépêche de trouver la roche. Dès que je la sens entre mes doigts, je la retire rapidement. Dans ma main, couverte de sang vert, se trouve une roche brillante comme un diamant. Cette pierre ne vient pas de la Terre.
Dû à l’entrée de ma main, Syzoth saigne abondamment. Je dois coudre la plaie et vite. Tout en lui criant de ne pas bouger, je lui fais des points de suture. Syzoth continue de crier pendant que je couds sa plaie. Après avoir terminé, je soupire de soulagement. Je ne pensais jamais y parvenir.
« Est-ce… Est-ce terminer? » Me demande Syzoth.
« Non, je dois encore vous bander. »
Je bande sa blessure.
« Voilà, c’est terminer, mais mes points de suture ne sont pas solides. Il faudrait que vous rester coucher pendant plusieurs jours. »
« Je vois… puis-je rester ici? »
« Euh, et bien, je ne pense pas que Vincent soit d’accord. »
« Chez vous, alors? »
« À mon appartement? C’est en désordre chez moi et j’ai un sofa en guise de lit. »
« Cela ne me dérange pas. » Il me regarde et ses yeux verts semblent envoutants. « Rody, s’il vous plaît. »
C’est comme si je ne peux rien lui refuser. J’accepte qu’il reste chez moi. Syzoth sourit. Il se lève en douceur.
Tout en le tenant, nous marchons jusqu’à mon appartement. Là, il s’allonge sur mon sofa et il tombe rapidement endormi. Je me trouve une couverture de plus avec un oreiller et je me couche sur le plancher.
Tout en écoutant les bruits qu’il fait pendant son sommeil, je me demande ce qu’il m’a pris d’accepter qu’il reste chez moi. Syzoth est un lézard-dinosaure capable de me manger! Ce sont ses yeux, ses maudits yeux verts. Pourquoi sont-ils si beaux, magiques, envoutants? Même les yeux de Manon n’étaient pas comme ça.
Manon. Je devrais l’appeler. Je me lève et je compose son numéro sur le téléphone. Je m’attendais à tomber sur un message de la téléphoniste disant que le numéro que je voulais rejoindre n’est pas valide, ou que la ligne est occupée, mais une voix familière me répond.
« Allo? Qui est à l’appareil? »
C’est elle! C’est Manon!
« Manon! Ne raccroche pas, je t’en prie! »
« Rody… abandonne. Toi et moi, c’est terminer. »
« Je sais! Je veux juste te parler de ma journée au travail. »
« Pourquoi? »
« Parce qu’il m’est arrivé des choses incroyables! Manon… »
« Marieanne. »
« Quoi? »
« Tu ne peux plus m’appeler Manon. Je te l’interdis. »
« Mais… »
« Je vais raccrocher. »
« Non, Marieanne, attends…! »
Elle a raccroché. Je soupire. La mine basse, je retourne me coucher sur le plancher et je tombe lentement endormi.